dimanche 13 octobre 2013

Rendez-vous avec une réserve sud africaine responsable



Entretien avec Jessica Sussens, copropriétaire de la réserve privée «  Tshukudu Game Lodge » à Hoedspruit en Afrique du Sud.




Jessica Sussens

Lors de notre séjour en Afrique du Sud, nous avons eu la chance de séjourner dans une réserve privée fantastique tenue par la famille SUSSENS depuis plus de 30 ans. Les membres de cette famille partagent un amour pour les animaux sauvages depuis leur plus jeune âge.

En tant que déléguée de la Fondation Brigitte Bardot, j’en ai profité pour obtenir un entretien privilégié avec l’un des membres de cette famille afin d’en apprendre plus sur le sujet.

Je commence l’entretien en lui présentant la Fondation et ces différentes actions à travers le monde. Puis, j’enchaîne sur mes questions. Je tiens à préciser que je ne suis pas journaliste et je n’ai aucunement la prétention d’avoir ce genre de qualité. J’ai juste voulu faire partager mon expérience et par là même faire évoluer les consciences à mon humble niveau. La traduction est approximative, l’entretien s’est déroulé en anglais et je traduis dans les grandes lignes l’essentiel de la conversation.

Anne-Sophie (alias moi !) : Nous sommes donc dans la réserve privée de votre famille, n’est-ce pas ?

Jessica SUSSENS : C’est exact.

AS : Quand votre famille a-t-elle instaurée cette réserve ?

JS : Il y a 32 ans que mes grands-parents ont crée cette réserve. Avant ils détenaient une réserve au Zimbabwe, ils avaient des terres, des lodges mais ils ont été expropriés par le gouvernement en place à cette époque. Ils sont arrivés ensuite à Hoedspruit (en Afrique du Sud) et le président de l’Afrique du Sud leur a légué  des terres, ce qui leur a permis de créer la réserve de Tshukudu. Cela représentait beaucoup de travail puisqu’il n’y avait rien sur ces terres.

AS : Avec combien d’animaux avez-vous commencé ?

JS : Quand nous avons commencé il n’y avait aucun animal. Au bout d’environ 2 ans nous avons accueilli le premier animal de la réserve, un rhinocéros blanc. D’où le nom de Tshukudu qui signifie rhinocéros en language zoulou. Ensuite d’autres petits groupes d’animaux ont pu nous rejoindre.

 2 rhinos de la réserve

AS : Vous avez dû acheter ces animaux ?

JS : Oui. Et nous faisions des échanges entre les différentes réserves. Par exemple dans l’une des réserves ils faisaient de la reproduction de buffles, d’où la possibilité d’accueillir des petits. Ce qui est important c’est d’avoir de bonnes relations avec les autres propriétaires de réserves afin de pouvoir s’échanger des animaux en fonction de la reproduction de chacun. Et cela permettait d’équilibrer également les espèces.

Les buffles de la réserve


AS : Quelles ont été vos motivations pour travailler vous-même dans la réserve familiale ?

JS : En 1986, en nous promenant dans le bush moi et mes parents avons vu une lionne avec ses 3 lionceaux. Nous les avons observé durant quelques jours et avons retrouvé l’un des lionceaux abandonné quelques jours plus tard. Nous l’avons recueilli et élevé (et baptisé Djumbo). Les différentes réserves composant l’espace du parc Kruger se sont alliées pour sauver des lionceaux et ainsi participer à sauvegarder l’espèce. En effet des milliers de lions avaient disparus en l’espace de 3 ans. Ce contexte m’a motivé à les aider à sauver les animaux et la nature pour préserver notre futur. Et j’avais envie que les gens disent de moi « elle, elle a participé à préserver la nature et les animaux ! ». C’est une fierté que de faire une telle chose !

AS : Quels sont les projets de protections en court ?

JS : La protection des lions, des guépards,  Le King Cheetah est particulièrement en danger (le king cheetah signifie le guépard roi, race rarissime). Nous essayons d’éduquer les gens car nous avons beau essayer de sauver les animaux et les faire se reproduire, si on ne rééduque pas les gens cela ne sert à rien. Il n’y a plus que 62 king cheetah dans le monde. Nous participons à l’éducation des enfants dans les zones rurales afin de les sensibiliser à la préservation des espèces. Nous avons recueilli un King cheetah (guépard roi) blessé qui nous permet de les sensibiliser. La reproduction de cette espèce est très difficile. Si on n’explique pas ça aux gens, ils continueront à les tuer parce qu’avoir leur peau sur les murs c’est extraordinaire ! Dans le bush, ils le tuent pour sa peau mais également parce qu’une idée reçue dit que cela leur donnera de la puissance et de pouvoir courir comme le guépard.
Nous commençons à éduquer les enfants à partir de l’âge de 9 ans, âge où ils sont en mesure de comprendre les choses. C’est important car les enfants participent ensuite à l’éducation de leurs parents.




 Ci-dessus le king cheetah : on constate un pelage différent de celui du guépard ordinaire, on observe 3 grosses bandes noires sur le dos. C'est le king cheetah reccueilli par la réserve, il est blessé à une patte.

Ci-dessus : Voici Nthomby le guépard femelle fétiche de la réserve, on constate ici la différence de pelage avec le king cheetah


AS : Quels animaux sont la cible des braconniers ?

JS : Les lions pour sa viande (idée de pseudo pouvoirs là encore) et la peau pour le mâle, les rhinos, les éléphants (c’est légal d’acheter de l’ivoire d’éléphant mais pas de rhinos).

Tant que ce sera légal d’en acheter dans certains pays, le braconnage illégal continuera.

AS : Y’a-t-il encore beaucoup d’animaux chassés pour leur peau ?

JS : Oui les zèbres, les impalas, les buffles… La chasse a du bon et du mauvais. Le côté positif est la régulation (ex : si trop de buffle dans une réserve, plus d’herbe pour les autres). Mais la chasse doit être faite de manière intelligente. Le mauvais côté de la chasse est par exemple ces cas où l’on met un lion dans une cage et qu’une personne s’amuse à tenter de le tuer à bout portant.

AS : Votre action pour lutter contre les braconniers ?

JS : Nous faisons patrouilles autour de notre réserve. La police en Afrique du Sud n’intervient que si des particuliers interceptent un braconnier. Ce n’est pas la meilleure des polices.

AS : Utilisez-vous des caméras de surveillances ?

JS : Nous aimerions bien mais nous ne pouvons car cela représente un coût trop important. Certaines caméras envoient un sms quand elles détectent quelque chose, c’est intéressant mais  beaucoup trop cher. Donc nous nous contentons de patrouiller y compris la nuit.

AS : Que pensez-vous des personnes qui procèdent à une coloration de la corne des  rhinos (comme à Inverdoorn au Cap) pour dissuader les braconniers ? (pour ceux qui ne le savent pas, le rhino est mutilé par des braconniers pour lui arracher sa corne afin de le revendre ensuite sur le marché chinois qui y attribuent de soi disantes vertues)

JS : C’est une bonne chose mais la manière la plus efficace est un système de puce (gps) individualisé par rhino et qui permet de suivre sur une tablette ou sur smartphone où se trouve tel et tel rhino et permets de savoir si quelque chose d’anormal se passe. C’est très très efficace. Pour moi c’est la meilleure chose ! Malheureusement on ne peut pas recourir à ce procédé qui est excessivement coûteux ! 15000 € environ par système d’implant.
La coloration des cornes, quant à elle, peut- être une bonne solution dans les très grandes propriétés.

AS : Est-ce que cette coloration de la corne est dangereuse pour le rhino ?

JS : Je ne sais pas mais pour l’homme apparemment cette coloration serait dangereuse et la question se pose donc de savoir si ce n’est pas non dangereux pour l’animal.

AS : Quel sont les animaux les plus en danger en Afrique du Sud ?

JS : le chien sauvage et spécialement le king cheetah !!!

AS : Dans quelle mesure un particulier peut avoir un guépard chez lui ?

JS : ce n’est pas illégal mais il faut un permis. Certains adoptent un guépard ou un lion et durant les premières années tout se passe bien mais après cela devient plus difficile et ne peuvent plus le garder. Un lion ou un guépard n’est pas fait pour vivre de la sorte et il reste un animal dangereux pour l’homme. Le permis n’est pas accordé n’importe comment, un contrôle est effectué pour savoir si la personne est en mesure d’accueillir un tel animal.

Nthomby


AS : Avez-vous remarqué un changement depuis la fin de l’Apartheid concernant la protection des animaux ?

JS : Même durant l’apartheid c’était une cause importante. Cependant les choses ce sont tout de même un peu amélioré.

AS : Est-ce que le gouvernement prend conscience du besoin de protéger les animaux, est-ce qu’il vous aide ?

JS : Il n’y a pas assez de soutien des autorités sud africaines,  comme cela n’est pas assez lucratif il ne semble pas enclin à en faire plus. Le gouvernement met de l’argent là où cela lui rapporte, et la cause des animaux n’est pas leur priorité.
Et même les personnes qui ont de l’argent ne voient pas l’intérêt de donner de l’argent sous forme de dons à des fondations de protection des espèces car ils n’ont rien en retour.

En conclusion, je dirais que bien malheureusement le nerf de la guerre reste toujours en encore l’Argent !!!! On tue des animaux pour l’argent, et on pour les protéger il faut également beaucoup d’argent !

L’argent est LE problème de notre société !

Je tiens à remercier Jessica pour le temps qu'elle nous a consacré et les remercie également pour ce qu'ils font ! Je termine par quelques photos.




 Coucher de soleil dans le bush de la réserve

Je n'ai pas pu résister à l'idée de mettre une photo de moi avec la belle Nthomby. Cette guépard est incroyablement intelligente. Elle a été adoptée bébé par les Sussens suite à la mort de sa mère (tuée par une lionne), elle vit depuis en totale liberté dans la réserve, continue de chasser pour se nourrir, mais ne montre aucune agressivité envers l'homme, un exemple de reconnaissance animale !



Si toutefois, vous qui lisez cet article, trouvez un "intérêt" à apporter votre soutien pour la préservation des espèces, voici quelques fondations : savetherhino.org, cheetah conservation fund...mais aussi toute sorte d'associations, la fondation Brigitte Bardot, WWF, l'IFAW...
Vous pouvez aussi aider ces personnes en voyageant de manière différente par le biais de l'écovolontariat par exemple. Mais ce que vous pouvez faire de plus important c'est de nous aider à éveiller les consciences et à respecter la vie !

Merci pour eux !




4 commentaires:

Anonyme a dit…

les photos sont magnifiques, et t'as réussi à nous caser le guépard....

Unknown a dit…

superbe!! bravo . ( je suis jalouse !!!!! la photo avec le guepard!!)

Unknown a dit…

Merci les filles !!! :)

Anonyme a dit…

YES ! J'ai enfin réussi à trouver le blog via Google, sans passer par mon téléphone portable ! J'attends le prochain article. Bises, Richard