Entretien avec Jessica
Sussens, copropriétaire de la réserve privée « Tshukudu Game Lodge »
à Hoedspruit en Afrique du Sud.
Jessica Sussens
Lors de notre séjour en Afrique du Sud, nous avons eu la
chance de séjourner dans une réserve privée fantastique tenue par la famille
SUSSENS depuis plus de 30 ans. Les membres de cette famille partagent un amour
pour les animaux sauvages depuis leur plus jeune âge.
En tant que déléguée de la Fondation Brigitte Bardot, j’en
ai profité pour obtenir un entretien privilégié avec l’un des membres de cette
famille afin d’en apprendre plus sur le sujet.
Je commence l’entretien en lui présentant la Fondation et
ces différentes actions à travers le monde. Puis, j’enchaîne sur mes questions.
Je tiens à préciser que je ne suis pas journaliste et je n’ai aucunement la
prétention d’avoir ce genre de qualité. J’ai juste voulu faire partager mon expérience
et par là même faire évoluer les consciences à mon humble niveau. La traduction
est approximative, l’entretien s’est déroulé en anglais et je traduis dans les
grandes lignes l’essentiel de la conversation.
Anne-Sophie (alias
moi !) : Nous sommes donc dans la réserve privée de votre
famille, n’est-ce pas ?
Jessica SUSSENS :
C’est exact.
AS : Quand
votre famille a-t-elle instaurée cette réserve ?
JS : Il y a
32 ans que mes grands-parents ont crée cette réserve. Avant ils détenaient une
réserve au Zimbabwe, ils avaient des terres, des lodges mais ils ont été
expropriés par le gouvernement en place à cette époque. Ils sont arrivés
ensuite à Hoedspruit (en Afrique du Sud) et le président de l’Afrique du Sud
leur a légué des terres, ce qui leur a
permis de créer la réserve de Tshukudu. Cela représentait beaucoup de travail
puisqu’il n’y avait rien sur ces terres.
AS : Avec
combien d’animaux avez-vous commencé ?
JS : Quand
nous avons commencé il n’y avait aucun animal. Au bout d’environ 2 ans nous
avons accueilli le premier animal de la réserve, un rhinocéros blanc. D’où le
nom de Tshukudu qui signifie rhinocéros en language zoulou. Ensuite d’autres
petits groupes d’animaux ont pu nous rejoindre.
2 rhinos de la réserve
AS : Vous avez
dû acheter ces animaux ?
JS : Oui. Et
nous faisions des échanges entre les différentes réserves. Par exemple dans l’une
des réserves ils faisaient de la reproduction de buffles, d’où la possibilité d’accueillir
des petits. Ce qui est important c’est d’avoir de bonnes relations avec les
autres propriétaires de réserves afin de pouvoir s’échanger des animaux en
fonction de la reproduction de chacun. Et cela permettait d’équilibrer
également les espèces.
AS : Quelles
ont été vos motivations pour travailler vous-même dans la réserve familiale ?
JS : En
1986, en nous promenant dans le bush moi et mes parents avons vu une lionne
avec ses 3 lionceaux. Nous les avons observé durant quelques jours et avons retrouvé
l’un des lionceaux abandonné quelques jours plus tard. Nous l’avons recueilli
et élevé (et baptisé Djumbo). Les différentes réserves composant l’espace du
parc Kruger se sont alliées pour sauver des lionceaux et ainsi participer à
sauvegarder l’espèce. En effet des milliers de lions avaient disparus en l’espace
de 3 ans. Ce contexte m’a motivé à les aider à sauver les animaux et la nature
pour préserver notre futur. Et j’avais envie que les gens disent de moi « elle,
elle a participé à préserver la nature et les animaux ! ». C’est une
fierté que de faire une telle chose !
AS : Quels
sont les projets de protections en court ?
JS : La protection
des lions, des guépards, Le King Cheetah
est particulièrement en danger (le king cheetah signifie le guépard roi, race
rarissime). Nous essayons d’éduquer les gens car nous avons beau essayer de
sauver les animaux et les faire se reproduire, si on ne rééduque pas les gens
cela ne sert à rien. Il n’y a plus que 62 king cheetah dans le monde. Nous
participons à l’éducation des enfants dans les zones rurales afin de les sensibiliser
à la préservation des espèces. Nous avons recueilli un King cheetah (guépard
roi) blessé qui nous permet de les sensibiliser. La reproduction de cette
espèce est très difficile. Si on n’explique pas ça aux gens, ils continueront à
les tuer parce qu’avoir leur peau sur les murs c’est extraordinaire ! Dans
le bush, ils le tuent pour sa peau mais également parce qu’une idée reçue dit
que cela leur donnera de la puissance et de pouvoir courir comme le guépard.
Nous commençons à éduquer les enfants à partir de l’âge de 9
ans, âge où ils sont en mesure de comprendre les choses. C’est important car
les enfants participent ensuite à l’éducation de leurs parents.
Ci-dessus le king cheetah : on constate un pelage différent de celui du guépard ordinaire, on observe 3 grosses bandes noires sur le dos. C'est le king cheetah reccueilli par la réserve, il est blessé à une patte.
AS : Quels
animaux sont la cible des braconniers ?
JS : Les
lions pour sa viande (idée de pseudo pouvoirs là encore) et la peau pour le
mâle, les rhinos, les éléphants (c’est légal d’acheter de l’ivoire d’éléphant
mais pas de rhinos).
Tant que ce sera légal d’en acheter dans certains pays, le
braconnage illégal continuera.
AS : Y’a-t-il
encore beaucoup d’animaux chassés pour leur peau ?
JS : Oui les
zèbres, les impalas, les buffles… La chasse a du bon et du mauvais. Le côté
positif est la régulation (ex : si trop de buffle dans une réserve, plus d’herbe
pour les autres). Mais la chasse doit être faite de manière intelligente. Le
mauvais côté de la chasse est par exemple ces cas où l’on met un lion dans une
cage et qu’une personne s’amuse à tenter de le tuer à bout portant.
AS : Votre
action pour lutter contre les braconniers ?
JS : Nous
faisons patrouilles autour de notre réserve. La police en Afrique du Sud n’intervient
que si des particuliers interceptent un braconnier. Ce n’est pas la meilleure
des polices.
AS : Utilisez-vous
des caméras de surveillances ?
JS : Nous
aimerions bien mais nous ne pouvons car cela représente un coût trop important.
Certaines caméras envoient un sms quand elles détectent quelque chose, c’est intéressant
mais beaucoup trop cher. Donc nous nous
contentons de patrouiller y compris la nuit.
AS : Que
pensez-vous des personnes qui procèdent à une coloration de la corne des rhinos (comme à Inverdoorn au Cap) pour
dissuader les braconniers ? (pour ceux qui ne le savent pas, le rhino est
mutilé par des braconniers pour lui arracher sa corne afin de le revendre
ensuite sur le marché chinois qui y attribuent de soi disantes vertues)
JS : C’est
une bonne chose mais la manière la plus efficace est un système de puce (gps) individualisé
par rhino et qui permet de suivre sur une tablette ou sur smartphone où se
trouve tel et tel rhino et permets de savoir si quelque chose d’anormal se
passe. C’est très très efficace. Pour moi c’est la meilleure chose ! Malheureusement
on ne peut pas recourir à ce procédé qui est excessivement coûteux ! 15000
€ environ par système d’implant.
La coloration des cornes, quant à elle, peut- être une bonne
solution dans les très grandes propriétés.
AS : Est-ce que
cette coloration de la corne est dangereuse pour le rhino ?
JS : Je ne
sais pas mais pour l’homme apparemment cette coloration serait dangereuse et la
question se pose donc de savoir si ce n’est pas non dangereux pour l’animal.
AS : Quel
sont les animaux les plus en danger en Afrique du Sud ?
JS : le
chien sauvage et spécialement le king cheetah !!!
AS : Dans
quelle mesure un particulier peut avoir un guépard chez lui ?
JS : ce n’est
pas illégal mais il faut un permis. Certains adoptent un guépard ou un lion et
durant les premières années tout se passe bien mais après cela devient plus
difficile et ne peuvent plus le garder. Un lion ou un guépard n’est pas fait
pour vivre de la sorte et il reste un animal dangereux pour l’homme. Le permis
n’est pas accordé n’importe comment, un contrôle est effectué pour savoir si la
personne est en mesure d’accueillir un tel animal.
AS :
Avez-vous remarqué un changement depuis la fin de l’Apartheid concernant la
protection des animaux ?
JS : Même
durant l’apartheid c’était une cause importante. Cependant les choses ce sont
tout de même un peu amélioré.
AS : Est-ce
que le gouvernement prend conscience du besoin de protéger les animaux, est-ce
qu’il vous aide ?
JS : Il n’y
a pas assez de soutien des autorités sud africaines, comme cela n’est pas assez lucratif il ne
semble pas enclin à en faire plus. Le gouvernement met de l’argent là où cela
lui rapporte, et la cause des animaux n’est pas leur priorité.
Et même les personnes qui ont de l’argent ne voient pas l’intérêt
de donner de l’argent sous forme de dons à des fondations de protection des
espèces car ils n’ont rien en retour.
En conclusion, je dirais que bien malheureusement le nerf de
la guerre reste toujours en encore l’Argent !!!! On tue des animaux pour l’argent,
et on pour les protéger il faut également beaucoup d’argent !
L’argent est LE problème de notre société !
Je tiens à remercier Jessica pour le temps qu'elle nous a consacré et les remercie également pour ce qu'ils font ! Je termine par quelques photos.
Coucher de soleil dans le bush de la réserve
Si toutefois, vous qui lisez cet article, trouvez un "intérêt" à apporter votre soutien pour la préservation des espèces, voici quelques fondations : savetherhino.org, cheetah conservation fund...mais aussi toute sorte d'associations, la fondation Brigitte Bardot, WWF, l'IFAW...
Vous pouvez aussi aider ces personnes en voyageant de manière différente par le biais de l'écovolontariat par exemple. Mais ce que vous pouvez faire de plus important c'est de nous aider à éveiller les consciences et à respecter la vie !
Merci pour eux !
4 commentaires:
les photos sont magnifiques, et t'as réussi à nous caser le guépard....
superbe!! bravo . ( je suis jalouse !!!!! la photo avec le guepard!!)
Merci les filles !!! :)
YES ! J'ai enfin réussi à trouver le blog via Google, sans passer par mon téléphone portable ! J'attends le prochain article. Bises, Richard
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